Les fans s’en souviennent, d’autres s’en rappelleront en écoutant « September Rainy Day » ou « Je pars« , et nombreux sont ceux qui sont en attente du prochain album de Mary’s Dream
Cela fera bientôt 10 ans que Mary’s Dream a sorti « 10 ans », son premier album, qui a reçu un superbe accueil national, largement relayé par la presse spécialisée. Alors, forcément, derrière Youtube, Spotify, Deezer et la page Facebook du groupe, ça cherche des infos, ça espère un peu et ça s’impatiente tout autant !
Je fais partie de ceux qui ont adoré ce premier album, découvert au hasard d’une pérégrination solitaire sur le web un jour de 2009, entre des titres de Angus & Julia Stone1, Cocoon ou encore Broken Bells2 et Absynthe Minded3, qui m’a amené à tomber sur « Je pars« . J’ai ensuite été écouter le reste de l’album, plus électrique, un peu folk, délicieusement sensible, qui n’était pas sans me faire penser à Snow Patrol4, dont la voix du chanteur est assez proche de celle de Sandro Boschi, un des deux fondateurs de Mary’s Dream.
Alors, histoire d’en savoir un peu plus sur le « In progress » que j’avais pu trouver sur le compte Instagram du groupe j’ai contacté Sandro à la fin de cet été, rendez-vous fut pris fin août, pour un interview vérité qui fait chaud au cœur. Rien d’étonnant quand on connait les textes du groupe.
Sandro, un des deux fondateurs de Mary’s Dream
Sandro Boschi, guitariste et chanteur, est un des deux fondateurs du groupe (avec Christophe Foultier, bassiste, malheureusement disparu au Bataclan en novembre 2015).
Nous avons pris un petit temps pour causer de l’histoire de « 10 years« , album dont les début s’inscrivent à la fin des années 90, alors que Sandro et Christophe étaient encore au lycée. C’est la rencontre avec Lionel Gaillardin, père d’une amie de Sandro, et ancien guitariste du groupe « Il était une fois« , qui a permis de lancer le projet. Le nom du groupe, « Mary’s Dream », est en référence à l’histoire de la maman de Sandro, prénommée Marie, et qui a fui le régime de Franco dans les années 70 pour y poursuivre son rêve de vie meilleure.
Le groupe est vite rejoint par Corentin Dalgarno, violoncelliste, qui apporte une couleur singulière à la musique du groupe et un lien entre folk et rock, Zoé Veighart est aux chœurs sur quelques titres et en concert. Cédric Murat, aux claviers, apporte une note psyché aux morceaux, trois batteurs qui alternent selon les moments. De nouveaux titres alimentent les tournées, un très bon accueil est réservé au groupe, et c’est à la Maroquinerie, haut-lieu parisien de belles découvertes scéniques, que se fait l’entrée dans la cours des grands.
Les premiers titres de l’album sont perçus un peu trop « Rocks » par les majors, pas assez Français, trop « en avance », de gros efforts sont demandés pour sortir au moins un titre « vendeur », et c’est « Je pars », diffusé sur les radios, qui ouvre la voie, il est diffusé sur M6 et W9.
Près de 30 000 albums sont vendus, puis en 2011 on annonce au groupe que « Je pars » sort de radio. « It Kills Me Inside« , reflet de la véritable identité du groupe, est proposé aux radios, mais le titre ne prend pas, malgré les frissons que ce morceau apporte. Je vous propose de le (re)découvrir ici :
Mary’s Dream enregistre alors « Eden » en une semaine aux mythiques Studios Ferber, mais au moment où le titre est proposé aux radios l’attaché de presse les informe qu’il ne peut pas continuer à les accompagner, faute de moyens pour continuer sa mission. En 2011 le groupe se retrouve littéralement à poil. Un nouvel espoir renaît avec un ingénieur son qui a travaillé sur l’album « Binaural » de Pearl Jam, qu’ils rencontrent à Paris. Il a écouté les nouveaux titres, il en retient cinq, mais produit le tout avec un son très FM américaine qui ne conviendra pas au groupe . Le projet s’arrête là, au grand dam des musiciens.
De grosses interrogations s’emparent des membres de Mary’s Dream, le claviériste est le premier à partir. Le batteur va avoir un autre enfant, il a moins de temps, il part à son tour. Tout s’arrête. Et oui, la vraie vie des musiciens n’est pas toujours celle qu’on croit. Sandro avait eu des propositions pour des projets solo, mais il les a refusées. Pour lui la musique se partage :
J’ai toujours voulu un groupe, comme tous ces groupes que j’ai adoré, Radiohead, Pear-Jam, Nirvana, qui à plusieurs ne faisaient qu’un, avec une même identité unique.
Mais il s’est rendu compte que tout le monde le lâchait.
J’avais lâché mon travail, deux ans devant moi pour écrire le nouvel album, Chris, mon ami d’enfance, m’a suivi dans le projet, mais nous n’avons pas réussi à passer assez de temps ensemble, et nous nous sommes brouillés.
Pour pouvoir vivre il est retourné travailler un peu dans l’événementiel, avec près de 15 heures par jour, un travail qui ne laisse pas beaucoup de place à la création. Puis il devient père à son tour, un rôle qui demande beaucoup d’attentions et de présence.
Les années passent, sans que tu t’en rendes vraiment compte. J’avais un album presque terminé, mais sous un amas de poussière, parce qu’il n’a pris vie à temps. Après les galères avec l’attaché de presse, l’arrêt de quelques-uns, le décès de Chris, j’ai perdu toute envie de faire de la musique, jusqu’à il y a quelques mois.
Sandro Boschi avec sa Guitare wandré (c) Crédit Photo marysdream.music
Et justement. En allant faire réviser son ampli chez un passionné il aperçoit, accrochée au mur, très en hauteur, une drôle de guitare qui lui fait tout de suite penser à celle qu’un de ses potes lui a offert pour son anniversaire l’an passé. Ce dernier était arrivé avec l’engin en soirée, après l’avoir trouvée dans une benne à ordure, avec la ferme intention de la sacrifier à la sauce rock-star. Mais Sandro l’a arrêté. La guitare était très particulière, un corps en plastique avec des paillettes dans la peinture, manche en métal, une gueule pour le moins atypique. Il lui a trouvé une âme, et a demandé à son ami de la lui offrir pour son anniversaire, ce qu’il a fait quelques mois plus tard. Il l’a gardée chez lui pendant une année, sans presque la toucher. Et là, chez ce réparateur, c’était presque la même guitare. Le gars lui dit que c’est une Wandré, avec des micros Davoli, que c’est introuvable aujourd’hui, inestimable. Dire qu’elle est passée à une corde d’une séance sacrificielle… De quoi susciter un déclic chez Sandro !
J’ai eu un déclic. Il fallait que j’aille au bout de ce que j’avais entrepris avec Christophe, que je me barre de mon travail. J’ai travaillé pendant six mois comme un fou dans ma cave, dans laquelle je me suis aménagé un studio, et c’est prêt, c’est tout frais. Cette guitare c’est un peu l’histoire du projet, elle allait finir à la poubelle, mais elle va renaître, comme Mary’s Dream.
Il a fait écouter quelques titres à beaucoup de personnes, plusieurs ont adoré, dont Vincent Thermidor l’accompagnera dans l’enregistrement du deuxième album. Corentin.
L’album ne s’appellera pas 20 years, il a une âme complètement différente, qui ne ressemble pas à « Ten Years », quoi que. Il y a aura bien sûr des liens avec « 10 years », 2/3 titres folks, mais il sera plus électrique. La guitare Wandré a un son unique, je commence à bien trouver ses sons, elle sera le pilier du prochain album.
On croise les doigts (et on diffuse un max l’article! Allez hop !) pour que Mary’s Dream trouve l’argent pour financer la production, parce que là, mine de rien, ça nous a carrément donné envie et on a bien envie de découvrir vite ce que nous a écrit Sandro, dont l’expérience de vie apportera sans nul doute de nouvelles belles compositions.
Allez, un petit dernier, pour le plaisir (avec une pensée émue pour Chris et ses proches) :
Références
Magnifique article. 10 years dans le top 10 de mes albums. Partagé. Comment aider au financement de l’album ?
Sur un seul titre « It kills me inside » j’avais acheté l’album et j’ai adoré. A bientôt donc à Mary’s dream 😉